Vingt jours ouvrés, pas un de plus : c’est le temps laissé à l’Autorité des marchés financiers pour statuer sur une demande de visa initial coin offering (ICO) en France. Ce n’est pas une simple marge d’appréciation, mais une règle européenne qui s’impose, sans détour ni latitude. Le retard n’a pas sa place ici : le compteur s’arrête uniquement si le dossier est incomplet, et une seule fois. La course contre la montre ne reprend que quand tous les justificatifs manquants sont entre les mains de l’AMF.
L’Espagne ne fait pas cavalier seul. La CNMV suit un modèle similaire, même si elle se réserve quelques ajustements sur la liste des documents exigés. Ces délais réglementaires ne sont pas anecdotiques : » ils dictent la préparation des dossiers et la date du lancement. Pour les équipes, l’organisation doit être irréprochable.
Comprendre les ICO : définition, enjeux et fonctionnement en France et en Espagne
Derrière l’acronyme ICO, une nouvelle façon de collecter des fonds : l’initial coin offering. Les entreprises, souvent des PME ou des start-up prêtes à sortir du lot, proposent au public d’acquérir des jetons numériques (tokens). Que reçoit-on en échange ? Une participation au financement d’un projet, une promesse, pas une action. En France, l’AMF tient la barre : impossible de s’improviser orfèvre de la levée de fonds, le cadre réglementaire est strict. Et, à la différence d’un titre classique, le jeton ne donne ni dividende ni droit de vote.
L’idée : accéder rapidement à des capitaux, sans passer par les banques ni la bourse. Mais impossible de calquer à la lettre le modèle français de l’autre côté des Pyrénées. En Espagne, la CNMV s’empare du dossier et applique ses propres priorités, après vérification du siège social des sociétés émettrices.
Pour bien saisir les étapes d’une ICO, il se dégage trois grands axes :
- la rédaction d’un document d’information exhaustif à destination du public
- la fixation précise des modalités de l’offre de jetons : montant, calendrier, droits associés, garanties, conditions de souscription
- l’application des règles portant sur les actifs numériques et l’obligation de lutte contre le blanchiment
L’arrivée des STO (security token offerings) a brouillé les lignes. Cette variante, variante mi-jeton mi-titre, oblige la France et l’Espagne à adapter leur arsenal légal. Le but ? Rester dans la compétition européenne sans lâcher prise sur la confiance des investisseurs.
Pourquoi un cadre légal strict encadre les ICO aujourd’hui ?
La déferlante ICO a bouleversé la donne des levées de fonds, mais aussi mis la pression sur les régulateurs, face à une multiplication des risques. En France, la loi Pacte a coupé court aux vides juridiques : elle intègre les offres de jetons dans le code monétaire et financier et impose que chaque projet prenne la transparence au sérieux. Publication d’un document d’information en amont, garanties sur la gouvernance : le parcours s’est étoffé.
En Europe, la tendance s’est imposée rapidement. L’Espagne a suivi, musclant le contrôle via le Conseil des ministres espagnol. Transparence, publication d’une attestation sur l’honneur relative aux aides reçues, surveillance des flux de crypto-actifs et filtrage des financements jugés douteux s’ajoutent à la liste des contraintes. Ce qui en ressort ? Un alignement progressif avec les exigences du code de la consommation.
Trois piliers législatifs sous-tendent ce dispositif :
- la lutte contre le blanchiment des capitaux, et tout usage frauduleux des fonds
- la protection des investisseurs, notamment en cas de litige ou de défaillance du projet
- le respect des obligations financières et fiscales accompagnant chaque levée
Le versant fiscal n’est jamais mis sous le tapis : chaque entrepreneur justifie qu’il respecte bien ses obligations fiscales. Réglementation sur les aides d’État ? Elles s’appliquent, régime de minimis compris, selon la taille et le profil des entreprises. La conformité réglementaire devient vite un argument de poids pour inspirer confiance… ou, à l’inverse, semer le doute en cas de manquement.
Visa AMF et procédure d’autorisation : étapes clés et délais à anticiper
En France, décrocher le visa AMF ne s’improvise pas. Il s’agit d’un passage obligé pour toute offre publique de jetons. Le dossier est examiné sur pièce, le document d’information passé à la loupe, la conformité au code monétaire et financier vérifiée avec soin.
La procédure suit un schéma précis. Tout commence par la soumission d’un dossier à l’AMF, avec sa collection de pièces justificatives. L’autorité dissèque chaque ligne : gestion des actifs numériques, schéma d’organisation, gouvernance, mécanismes bancaires prévus. Régulièrement, des compléments ou rectifications sont réclamés.
Les délais sont cadrés : dès que le dossier est complet, l’AMF dispose de 20 jours ouvrés pour se prononcer. Si un document fait défaut, la procédure s’interrompt, et ne reprend qu’à l’envoi du justificatif. L’efficacité administrative devient donc un critère décisif pour les porteurs de projet.
Côté security tokens (STO), le niveau d’exigence grimpe : la nature du jeton, la solidité des garanties protectrices, la pertinence des mécanismes bancaires sont tous analysés à la loupe. Sur ces dossiers, les demandes complémentaires se multiplient et les délais peuvent s’étirer, surtout pour les dossiers à fort enjeu ou touchés par une procédure de sauvegarde ou de redressement.
Ce que le délai de réponse implique pour les investisseurs et les porteurs de projet
Le délai de réponse ICO dicte le rythme des opérations. Il planifie la préparation, influence la trésorerie et impose sa cadence à la communication. Pour ceux qui portent les projets, chaque journée pèse dans le compte à rebours. Anticiper la durée légale, c’est structurer le déploiement de l’offre, mobiliser l’équipe, synchroniser les relations bancaires, verrouiller les garanties.
Les investisseurs, des professionnels chevronnés mais aussi des institutionnels, scrutent ce délai. Un visa délivré dans la fenêtre réglementaire inspire la confiance, à l’inverse, tout report questionne sur la robustesse du projet. Les marchés français et espagnol réclament une transparence exemplaire, notamment sur la circulation des données personnelles.
Chez les PME, indépendants ou sociétés, ce calendrier peut conditionner les paiements : salaires et factures attendent parfois la validation pour être honorés. L’accès à la garantie AGS ou à un dispositif de sauvegarde dépend souvent de la rapidité de l’AMF. Les plafonds de collecte courent sur plusieurs millions d’euros : la planification n’admet pas de retard.
Au fil des ICO, la discipline ne tolère aucune exception. Chaque validation façonne la suite, chaque échéance manquée ébranle la crédibilité du dossier. Lorsque l’horloge tourne, c’est tout l’écosystème, porteur, investisseur, place de marché, qui mesure le prix réel de la confiance.



